Je ne bois pas d’alcool.

Je me retrouve donc confrontée régulièrement à des situations, des remarques, peu agréables.

Cela fait 45 ans que ça dure. Mais j’avoue, je ne m’y fais pas.

Des personnes très sympas, de chouettes personnes, qui vont faire, sans penser à mal, d’étranges remarques :

Oh ! Pas d’alcool… c’est pas sérieux !

Oh tu ne bois pas ? (Comme si l’alcool était la seule option concernant la boisson !)

Oh pas d’alcool ? Du cidre alors ?

Encore ce soir, un apéritif dans un salon pour fêter un anniversaire.

Une table avec aucune proposition non alcoolisée.

Aucune.

« Ah ! Aline, c’est vrai, tu ne bois pas d’alcool. Attends, je vais chercher un jus d’orange dans le frigo. »

L’homme a servi tout le monde. Sauf moi.

Et cette situation de ne pas être servie parce que je ne prends pas d’alcool est courante. Même de personnes proches. Pas d’alcool ? Je suis régulièrement oubliée.

Et si je suis servie, c’est en général dans un verre différent des autres… le vin a le droit à un verre à pied, la boisson non alcoolisée à un verre banal, une fois même un verre à moutarde avec des dessins dessus !

On ne donne même pas aux personnes qui peuvent prendre de l’alcool, la possibilité de choisir une boisson qui n’est pas alcoolisée. Parce qu’elles conduisent ensuite, parce qu’elles ont le droit de ne pas en avoir envie.

Non, l’alcool bien souvent est imposé par manque de choix.

Combien de fois j’ai vu des propositions avec des boissons alcoolisées de qualité et sur la même table des boissons non alcoolisées : coca, jus d’orange, eau… pourquoi chercher de la qualité puisque le non alcoolisé n’est pas « sérieux ».

Pourquoi l’alcool est-il valorisé, et le non alcoolisé infantilisé ?

Pourquoi l’alcool est-il considéré alors que les boissons non alcoolisées sont jugées indignes d’intérêt… bonnes pour les enfants…?

Alors que l’alcool est responsable en France d’environ 50 000 décès et est la première cause de maltraitance familiale… l’alcool est jugé « sérieux », « viril ».

Pourquoi quand on remet cela en question, on est prise comme une rabat-joie ?

Pourquoi un alcoolique est-il un sujet de rire… Rit-on d’une personne atteinte d’un cancer ?

Pourquoi considère-t-on l’alcoolisme comme un vice et n’accepte-t-on pas vraiment que la dépendance est une maladie ?

Alors oui. La situation est moins pire qu’il y a 20 ans. (Notez bien que je ne dis pas qu’elle est mieux…elle est juste moins pire)

Mais nous sommes loin d’une prise de conscience : la prise d’alcool n’est pas neutre.

Loin de moi l’idée du zéro alcool.

Je suis même pour une véritable éducation à l’œnologie, à la qualité, à la réflexion.

Mais je pense qu’il est nécessaire de repenser son propre rapport à l’alcool, d’arrêter de faire des réflexions aux personnes qui n’en consomment pas et d’avoir toujours des boissons non alcoolisées de qualité chez soi, au même titre que l’on veille à avoir une bonne bouteille de vin. Il ne viendrait à personne l’idée de sortir une bouteille de « La Villageoise® », ce vin bas de gamme en bouteille plastique, mais personne ne remet en question le fait de proposer un Coca-Cola ou autre soda hyper sucré.

Veillez aussi à sortir des verres à pied, même pour celles et ceux qui ne prennent pas de vin. Il n’y a aucune loi qui interdit de boire une boisson non alcoolisée dans un joli verre à pied.